Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/73

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voient eu qu’un même cœur, se livra à l’amour.

Les apothicaires d’Abdère cessèrent de vendre de l’ellébore ; les faiseurs d’armes ne vendirent plus d’instrumens de mort ; l’amitié, la vertu, régnèrent par tout ; les ennemis les plus irréconciliables s’entredonnèrent publiquement le baiser de paix… Le siècle d’or revint, et répandit ses bienfaits sur Abdère. Les Abdéritains jouoient des airs tendres sur le chalumeau ; le beau sexe quittoit les robes de pourpre, et s’asseyoit modestement sur le gazon pour écouter ces doux concerts.

Il n’y avoit, dit le fragment, que la puissance d’un dieu dont l’empire s’étend du ciel à la terre, et jusques dans le fond des eaux, qui pût opérer ce prodige.


MONTREUIL.


Quand tout est prêt et qu’on a discuté chaque article de la dépense, il y a encore, à moins que le mauvais traitement n’ait remué votre bile en aigrissant votre humeur, une autre affaire à ajuster à la porte avant de monter en chaise. C’est avec les fils et les filles de la pauvreté que vous avez affaire ;