Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/722

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
430
Pensées

aima d’amour maternel ceux de sa rivale. Quel dommage qu’elle ne donnât pas le jour à un être qui lui ressemblât !

On montre, à Gleichen, le lit où ces trois rares individus dormoient ensemble. Ils furent enterrés dans le même tombeau chez les bénédictins de Pétersberg ; et le comte qui survécut à ses deux femmes, ordonna qu’on mît sur le sépulcre, qui fut ensuite le sien, cette épitaphe qu’il avoit composée.

« Ci gissent deux femmes rivales, qui s’aimèrent comme des sœurs, et qui m’aimèrent également. L’une abandonna Mahomet pour suivre son époux, et l’autre courut se jeter dans les bras de la rivale qui le lui rendoit. Unis par les liens de l’amour et du mariage, nous n’avions qu’un lit nuptial pendant notre vie ; et la même pierre nous couvre après notre mort. »



Fin du Tome sixième et dernier.