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pendant ma maladie, — et jouer au piquet avec moi, dans la crainte, comme elle le disoit, que la conversation ne m’échauffât trop, et que je ne pusse résister à la tentation de causer. — Ces motifs sont très-puissans sans doute ; — cependant ils ne sont pas la cause première de la grande affection que j’ai pour elle. — Je l’aime parce que c’est un esprit à l’unisson de toutes les vertus, et un caractère du premier ordre ; — de ma vie je n’ai rien vu — qui lui soit comparable pour les grâces ; et jusqu’au moment où je l’ai aperçue, je n’aurois pu me figurer — que la grâce pût être aussi parfaite dans toutes ses parties, ni si bien appropriée aux dons les plus heureux de la jeunesse, sous le régime immédiat d’un esprit supérieur ; car je réponds bien que l’éducation, quoiqu’appelée à terminer l’ouvrage, n’a joué qu’un rôle très-secondaire dans la composition de son caractère : ses plus grands efforts ont été de soigner quelque bout de draperie, ou plutôt, ils se sont perdus dans cet ensemble de belles qualités qui domine toutes les perfections accessoires.

En un mot, quelque envie que j’eusse de m’embarquer, si, au moment du départ, une femme pareille me faisoit un signe de la