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pas au loin ses prétentions, n’en a aucune, — ou du moins que des circonstances honteuses l’empêchent de les annoncer. — L’ignorant, la présomptueux, le suffisant, ne croiront jamais que l’homme modeste puisse avoir le moindre mérite. — Comme ils ne portent que des habits de clinquant, ils n’examinent pas si les autres en ont de meilleure qualité ; — ce qui, par parenthèse, est assez naturel.

Les méchans n’imaginent point qu’on ait assez de conscience ou de vertu pour ne pas se servir de ses talens quand leur exercice ne s’accorde point avec l’honnêteté ; — si on les emploie sans éclat, — ils soupçonnent toujours quelque motif artificieux ou bas ; — de manière que l’homme modeste et pieux n’a que très-peu de chances pour ce qu’on appelle dans le monde bonne fortune : — en effet, chrétiennement parlant, on ne lui promet que bien peu de chose dans cette courte vie ; — de pareilles vertus se proposent des récompenses plus durables à la fin des siècles : — c’est dans cette espérance qu’ils placent leur consolation et leurs plaisirs. Hélas ! sans cette espérance, comment pourroient-ils supporter une foule de circonstances fâcheuses qui pèsent continuellement sur