Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/703

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et voir l’air éclairé par des feux d’artifice ; je suis bien flatté, délicieusement flatté, que vous vouliez bien vous contenter d’errer nonchalamment avec moi dans le Renelagh vuide, et que vous joigniez à cette complaisance, celle de me faire entendre les sons enchanteurs de votre voix qui fut sans doute formée pour les chérubins. Comment avez-vous pu l’acquérir ? Je n’en sais rien, — il n’entre pas même dans mon plan d’en faire la recherche ; je suis toujours charmé de trouver une émanation de l’autre monde dans quelque coin de celui-ci : n’importe d’où elle vienne, — mais principalement lorsqu’elle se manifeste par l’entremise d’un organe féminin, — l’effet en doit être plus puissant parce qu’il est toujours plus délicieux.

Maintenant, après cette légère effusion de mon esprit, qui peut-être est un peu plus terrestre qu’il ne devroit l’être ; j’espère que vous ne trouverez pas mauvais que je vous prie de m’excuser si, conformément à l’engagement que j’en avois pris, je ne me rends pas ce soir à votre salon de compagnie : le fait est que mon rhume m’a saisi si violemment à la gorge, que quoique je pusse entendre votre voix, il me seroit impossible de vous dire l’effet qu’elle produiroit sur mon