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quand nos amis ne sont plus, ce n’est qu’une vie de mort, qui me paroît bien plus triste qu’une mort réelle.

Mais pour revenir à mon sujet, la femme est un animal timide ; — et laissant de côté toute autre considération, je suis sûr, d’après la générosité de votre caractère, que vous ne chercherez jamais à faire de la peine à aucune. — En effet, je ne découvre aucune situation possible qui puisse justifier un mauvais procédé envers les femmes. — Car, soyez sûr, et je puis là-dessus vous citer ma propre expérience, dont je ne suis pas médiocrement fier ; soyez sûr qu’une passion exclusive pour un individu du sexe, quelles que puissent en être les perfections, si elles vous rend indifférent envers les autres ; soyez sûr ; dis-je, que cette passion ne fera jamais complettement votre bonheur : — elle pourra vous donner quelques momens très-courts d’un ravissement tumultueux, après quoi, sorti de ce délire, vous vous trouverez en butte à toutes les peines d’un esprit inquiet et chagrin.

Les femmes exigent au moins des attentions ; — elles les regardent comme un droit de naissance dont les sociétés polies ont gratifié leur sexe ; et quand on les en prive, elles ont certainement lieu de s’en plaindre,