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vous savez raser et accommoder un peu une perruque ? J’ai les meilleures dispositions… C’en est assez pour le ciel, lui dis-je en l’interrompant, et cela doit me suffire… On servit le souper… Je me mis à table. J’avois d’un côté de ma chaise un épagneul anglois, de l’autre un domestique françois aussi gai qu’on peut l’être… J’étois content de mon empire… Et si les monarques savoient borner leurs désirs, ils seroient aussi heureux que je l’étois.


MONTREUIL.


La Fleur ne m’a point quitté pendant tous mes voyages, et il sera souvent question de lui. Il est bien juste que j’instruise mes lecteurs sur son compte ; et pourquoi même ne parviendrais-je pas à les intéresser en sa faveur ? Je n’ai jamais eu de raison de me repentir d’avoir suivi les impulsions qui m’avoient déterminé à le prendre : il a été le domestique le plus fidèle, le plus attaché, le plus ingénu qui jamais fut à la suite d’un philosophe. Ses talens de battre du tambour et de faire des guêtres, bons en eux-mêmes, ne m’étoient pas, à la vérité, d’une grande utilité ; mais j’en étois bien récompensé par