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servir de votre propre intelligence, un peu plus que vous ne le faites ; car, croyez-moi, une once de celle-ci vous sera plus avantageuse qu’une livre de celle des autres. Il y a une sorte de timidité qui, comme objet de spéculation, rend la jeunesse aimable ; mais vu l’humeur actuelle du monde, c’est, dans la pratique, une chose vraiment incommode, pour ne pas dire dangereuse.

Il existe, au contraire, une mâle confiance qu’on ne sauroit avoir trop tôt, parce qu’elle provient du sentiment des bonnes qualités que l’on possède et des heureuses acquisitions que l’on a faites : il n’est pas moins à propos de s’en parer aux yeux du monde, que de prendre un casque au jour du combat. Nous en avons besoin comme d’une protection, contre les insultes et les outrages des autres ; car dans les circonstances qui vous sont particulières, je ne la considère que comme une qualité purement défensive, — propre à empêcher que vous ne soyez culebuté par le premier ignorant, le premier sot, ou l’insolent faquin qui verra que votre modestie étouffé votre mérite.

Mais je ne vous dis ceci qu’en passant. — J’en laisse l’application à votre propre discernement et à votre bon sens, dont je n’é-