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ni que pour être instruit, on ne puisse pas être sot.

Je ne tire pas mes définitions des lieux communs du collège, ni du péricrane épais et moisi des compilateurs de dictionnaires, mais du grand livre de la Nature, qui est le volume du Monde et le code de l’expérience. J’y trouve qu’un sot est un homme ; (car maintenant je ne suis pas d’humeur à confondre les femmes dans cette définition) est un homme, dis-je, qui se croit autre chose que ce qu’il est dans la réalité — et qui ne sait comment faire un bon usage de ce qu’il est.

C’est la manière d’adapter les moyens à la fin qu’on se propose, qui caractérise une intelligence supérieure. La chétive haridelle dont Yorick a depuis si long-temps fait son unique monture, si une fois on la met dans le droit chemin, arrivera plus tôt au terme de son voyage que le meilleur coureur de Newmarket, qui aura pris à gauche.

Souvent la sagesse ne sait ni lire ni écrire, tandis que la folie vous cite des passages de toutes les langues mortes et de la moitié des vivantes. Veuillez donc bien, je vous prie, ne pas vous former une mauvaise, — c’est-à-dire, une fausse idée, de ce royaume de mon invention ; — car si jamais le possède, vous