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veillance et de l’urbanité. — J’avois prêché le même jour à la chapelle de l’ambassadeur : David voulut faire un peu la guerre au prédicateur ; le prédicateur, de son côté, n’étoit pas fâché de rire avec l’infidèle ; nous rîmes effectivement un peu l’un et l’autre, toute la société rit avec nous ; — et quoi qu’en dise votre conteur, il n’étoit sûrement pas présent à cette scène.

Il n’y a pas plus de vérité dan le récit qui me fait prêcher un sermon injurieux pour l’ambassadeur dans la chapelle même de son excellence ; car lord Hertford me fit l’honneur de m’en remercier à plusieurs reprises. Il y avoit, je l’avoue, un peu d’inconvenance dans le texte ; et c’est tout ce que votre narrateur peut avoir entendu de propre à justifier son récit. — S’il s’endormit immédiatement après que je l’eus prononcé, — je lui pardonne. Voici le fait :

Lord Hertford venoit de prendre et de meubler un hôtel magnifique ; et comme à Paris la moindre chose produit un engouement passager, il étoit de mode dans ce moment-là de visiter le nouvel hôtel de l’ambassadeur d’Angleterre. — Personne n’y manquoit : — ce fut, pendant quinze jours au moins, l’objet de la curiosité, de l’amuse-