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Lettres

misérables coutumes du monde ; mais afin que vous ne soyez pas tenté de vous croire plus maltraité que les autres ; car c’est l’opinion commune des jeunes gens qui, comme vous, sensibles jusques dans la moindre fibre, n’ont jamais éprouvé ce choc, cette collision qui, dans les circonstances fâcheuses, éveille la précaution, ou du moins nous habitue à la patience.

Mais je suis presque certain que lorsque vous recevrez ma lettre, le sourire enchanteur de quelque beauté vous aura fait oublier vos infortunes. Faites-moi part de vos projets pour l’hiver prochain, si toutefois vous en avez formé. Je pense, sauf meilleur avis, que vous pourriez quitter les plaisirs et les brouillards de ce maudit climat, pour aller hiverner avec moi sous le beau ciel du Languedoc. Votre société me feroit du bien ; la mienne ne vous feroit pas de mal : — je le pense du moins, et nous arriverions à Londres assez tôt pour voir Renelagh à l’entrée des beaux jours. Répondez-moi là-dessus, et adressez moi votre lettre ici, car j’achèverai d’y passer le mois de septembre ; et sur ce, Dieu vous bénisse et vous donne de la patience, si vous en avez besoin.

Je suis,
À vous très-cordialement, etc