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Lettres

vous raconte comment un charmant cloître s’est élevé tout-à-coup dans une de ses régions fantastiques. Qu’est-ce que cela signifie, direz-vous ? — un moment. — Je vais vous l’apprendre.

Il faut donc que vous sachiez qu’en prenant par la porte de derrière de ma maison, je me trouve bientôt engagé dans un sentier qui conduit à travers des prairies et des bosquets touffus ; je le suis, et environ vingt minutes après, j’arrive aux ruines d’un monastère où jadis un certain nombre de vierges consacrèrent leur… vie… je sais à peine ce que j’allois écrire… à la solitude religieuse. Toutes les fois que je me rends dans cet endroit, j’appelle cela visiter mes nones.

Ce site a quelque chose d’imposant et d’auguste ; un ruisseau coule au travers ; une haute colline couverte de bois s’élève brusquement du côté opposé, verse une ombre majestueuse sur tous les environs, et ne permet point à la pensée de s’égarer au-delà ; jamais de pieuses solitaires ne trouvèrent une retraite plus propre à les sanctifier. Aujourd’hui ce seroit une véritable découverte pour un antiquaire : il n’auroit pas trop d’un mois pour déchiffrer ces ruines ; mais, je ne suis point antiquaire, vous le savez ; par conséquent