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aveugles qui les balottoient à leur gré. Il faut en tirer une conséquence diamétralement contraire. Si, en effet, un pouvoir supérieur et intelligent ne maîtrisoit point et ne bouleversoit point les événemens, alors nos projets répondroient toujours à la sagesse ou au stratagème qui les auroient guidés, et chaque cause produiroit nécessairement son effet sans variation. Cela n’arrive pas, vous le savez ; il s’ensuit donc, d’après le raisonnement de Salomon, que si la naissance n’est pas au plus actif, et si le savoir ne précautionne pas le savant contre les besoins ; si la politique n’élève pas les hommes aux honneurs, qu’il y a quelque cause secrète qui, se mêlant dans les choses du monde, les tourne et les gouverne comme il lui plaît.

Cette cause est sans doute la cause première de toutes choses ; c’est la providence agissante de ce Dieu puissant, qui de sa demeure élevée s’humilie jusques à regarder ce qui se passe sur la terre. Il relève le pauvre de la boue, et le mendiant de son fumier ; il les place à côté des princes, des princes mêmes de son peuple. David en est un exemple, et sans doute Dieu l’a choisi pour nous donner une preuve de sa providence dans le gouvernement de ce monde, et pour nous