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et le hasard président à tout ; que les saisons et les conjonctures influent puissamment sur la fortune des hommes ; que lorsque les influences pèsent ou pour ou contre eux, elles leur ouvrent la voie de la prospérité, contre tous les obstacles, ou la leur ferment contre toutes les attentes ; et que ni la sagesse, ni l’intelligence, ni le savoir ne peuvent les détourner.

Quoique nous différions beaucoup dans nos raisonnemens sur cette sentence de Salomon, l’autorité de son observation est grave sans doute ; son évidence démontrée d’âge en âge est tellement confirmée par des exemples et des plaintes générales, que le fait reste certain et immuable. Oui, les choses sont conduites dans le monde d’une manière quelquefois si contraire à tous nos raisonnemens et à toutes les probabilités. La naissance n’appartient pas au plus actif, et le succès des batailles au plus fort. Bien plus, le pain n’appartient pas au sage qui languit dans le besoin ; les richesses à l’homme intelligent, qui semble doué des qualités qu’il faut pour les acquérir ; la faveur, au savant, dont le mérite l’appelle. Mais il est dans les choses humaines quelque ressort caché, qui détruit tout-à-coup nos efforts, et détermine les événemens