Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/562

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’imitation. On ne peut pas nier cependant que la vie des méchans ne soit de quelqu’utilité, et quand ils sont offerts non pas à l’admiration, mais à l’exécration publique, ils excitent une horreur du vice qui fait en nous la même impression que le tableau de la vertu. Quoiqu’il soit pénible de représenter un homme enveloppé des ténèbres que ses vices ont amoncelées sur lui, quand ce tableau sert à ce but et qu’il tend à éclaircir un point de l’histoire sacrée, la description porte son excuse avec elle.

Cet Hérode, dont l’évangéliste parle, étoit un composé de bien et mal ; quoiqu’il fût certainement un méchant homme, sa contexture étoit cependant mêlée de bonnes qualités. Il étoit donc reconnu sous deux caractères bien différens l’un de l’autre. Quand on regardoit son côté favorable, c’étoit un homme d’une adresse infinie, populaire, généreux, magnifique dans ses dépenses ; en un mot, s’attirant par quelques vertus l’approbation et le respect.

Vu sous une autre face, c’étoit un homme ambitieux, remuant, soupçonneux, avide, implacable dans sa colère, irréligieux et insensible. Lorsque le monde veut juger un caractère aussi complexe que celui-ci, il as-