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dessus son cœur l’amitié et la bienveillance, et de se plonger dans des excès si contraires, qu’il rend trop probables les horribles récits que l’on fait de lui. La vérité de cette observation est ici réduite en exemple. D’après le caractère de l’historien qui nous rapporte ce fait, celui du tyran qui commit un tel crime est le garant du degré de confiance que mérite l’écrivain, et lorsqu’après une information il paroit qu’Hérode agit conséquemment à ses principes, le fait demeurera incontestable, et fondé sur une évidence que lui-même nous aura fourni.

Il est donc essentiel de vous peindre dans le reste de ce discours le caractère de ce prince non pas tel qu’il est tracé dans l’écriture ; car elle se refuse à nous fournir les matériaux d’une pareille description. Elle achève en peu de mots l’histoire du méchant quelque grand qu’il ait été aux yeux du monde, et elle s’étend avec complaisance sur la moindre action du juste. Nous y trouvons toutes les circonstances de la vie d’Abraham, d’Isaac, de Jacob et de Joseph, minutieusement rapportées. Le méchant y semble être mentionné à regret, il n’est mis sur la scène que pour être condamné. Elle ne veut ainsi nous proposer que des objets