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allusion à la douleur de ses descendans, de ces mères désolées des tribus de Benjamin et d’Éphraïm, dont les enfans passèrent à Rama lorsqu’ils étoient conduits à Babylone, qui pleuroient sur leur sort, comme Jérémie les fait pleurer en la personne de Rachel, et qui refusoient d’être consolées, parce qu’en les suivant des yeux, elles désespéroient de les revoir jamais ; c’est une allusion, dis-je, au massacre qu’Hérode fit faire de leurs enfans. Cette application des paroles du prophète, faite par l’évangeliste, est également juste et fidelle. Cette dernière scène se passa sur le même théâtre, précisément entre Rama et Bethléem ; c’est là que plusieurs mères des mêmes tribus reçurent le second coup plus cruel que le premier ; les paroles de Jérémie furent là totalement accomplies, et sans doute dans ce jour horrible, il fit entendre à Rama une voix lamentable, Rachel y pleura sur ses enfans, et refusa d’être consolée, chaque mère fut enveloppée dans la même calamité, et se livra à ses douleurs. Chacune d’elles y pleura ses enfans, y lamenta sur l’amertume de son sort, le cœur aussi incapable de consolation, que leur perte étoit impossible à réparer.

Monstre ! ces pleurs touchans n’arrêtèrent pas tes mains ? ces plaintes retentissant le