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pulcre, et en qualité de mère de deux de ces tribus, pleurant sur ses enfans, se lamentant sur le sort de sa postérité entraînée vers des terres étrangères, refusant toute consolation, parce qu’ils ne dévoient plus vivre pour elle, parce qu’ils étoient arrachés de leur sol natal, et qu’il ne dévoient jamais lui être rendus.

Les interprêtes juifs disent que Jacob fit enterrer là sa femme Rachel, prévoyant par un esprit de prophétie que sa postérité devant être conduite par ce chemin, en captivité, elle pourroit intercéder pour elle.

Cette interprétation fantastique ne me paroit être qu’un songe de quelques docteurs juifs, et s’ils n’en sont pas les inventeurs, elle appartiendroit autrement à quelque songeur de l’église. Comme elle favorise la doctrine des intercessions, si nous n’avions pas des garans sur la qualité des inventeurs, il est croyable qu’elle dériveroit plutôt de quelque tradition orale de cette église, que du talmud où elle se trouve.

Saint-Mathieu nous en donne une autre interprétation, qui exclut la scène théâtrale que je viens de vous décrire.

Selon lui, ces lamentations de Rachel ne sont pas de la femme de Jacob ; c’est une