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finit par la subversion de notre constitution ; s’il n’étoit pas nécessaire de poursuivre le fil de notre délivrance à travers les temps horribles, et de faire remarquer la bonté de la Providence qui nous protégea contre la fureur d’un projet, et nous restaura contre l’injustice de l’autre.

Oui, le dernier eût été pour nous un triste sujet de souvenir, s’il ne fût pas devenu un objet de bénédiction ensuite, par l’événement qui nous rendit nos libertés. Soit que Dieu voulût corriger le sens mal entendu de ses bénédictions antérieures, soit qu’il voulût nous apprendre à réfléchir sur leurs privations, il souffrit que nous approchassions du bord du précipice ; là tout étoit perdu s’il n’avoit suscité un rédempteur. Les artifices de la société nous auroient doucement fait glisser dedans, ou si elle avoit manqué son coup, la force étoit prête à nous y pousser, et c’en étoit fait de nous.

Cette délivrance eut des suites si heureuses qu’il semble que Dieu avoit troublé nos eaux, comme celles de Bethesda, pour les rendre ensuite plus saines ; depuis cette époque à jamais mémorable nous jouissons de tout ce qui appartient à l’homme. Notre liberté, notre religion fleurissent, les droits des rois,