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connoissoit alors de la navigation et du commerce, la large portion du continent où le nom de Jésus reste de nos jours profané, et celle qui l’avoisine où les premières paroles de son Évangile sont à peine prononcées, on ne peut qu’adorer la bonté de Dieu, et reconnoître dans l’établissement de sa religion, une providence qui nous est plus particulière qu’aux autres nations, où indépendamment des mêmes erreurs et des mêmes préjugés, elle ne rencontroit pas ces obstacles physiques et naturels.

Les historiens et les politiques, qui cherchent les causes par tout ailleurs que dans le plaisir de celui qui dispose des événemens, raisonnent différemment sur tout cela. Ils considèrent ceux-ci comme une matière incidentèle à l’ambition fortuite, aux succès et aux émigrations des Romains. Sous le règne de Claude, lorsque le christianisme s’établit à Rome, quatre vingt mille citoyens de cette capitale du monde vinrent se fixer dans cette île ; cet événement établit une communication libre entre les deux nations, la voie fut ouverte aussi pour l’Évangile, et son transport devint fort aisé, mais jamais miraculeux ni divin.

C’est ainsi que Dieu nous permet souvent