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n’est pas profitable est bon, et à un libertin que ce qui est agréable est mauvais.

Prêchez à un épicurien qui a modelé son corps et son ame pour tous les plaisirs des sens, dites lui qu’il essaye combien Dieu est bon. Cette invitation ne vaudra pas pour lui celle qui l’appelle à un banquet.

Ce n’est donc pas à l’avare, c’est à l’homme compatissant, à celui qui se réjouit avec ceux qui se réjouissent, et pleure avec ceux qui pleurent, que j’en appelle. C’est à un cœur généreux, tendre, humain que je raconte les malheurs de l’orphelin et du pauvre, c’est aux hommes enfin que je demande ce pain, qu’on n’ose pas leur demander.

Que puis-je dire de plus ? l’éloquence en un pareil sujet ne peut rien apprendre ni rien persuader. Ceux à qui Dieu a accordé les moyens d’être charitables, et envers qui il a été encore plus généreux, en leur donnant la disposition, doivent l’en remercier comme l’auteur des richesses, et de la science de les employer. Il a bâti dans notre cœur le havre derrière lequel les malheureux doivent fuir les tempêtes et le naufrage ; la constante fluctuation des choses de ce monde y jette tour-à-tour les enfans d’Adam. En vain des substitutions et des placemens défendent les