Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/537

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et ce qui paroit étrange, elles nous invitent à l’avarice même. Il paroit qu’au milieu des mauvais offices que nous rend la fortune, on ne devroit pas chercher ce vice ; cependant on voit le cœur d’un homme se resserrer à mesure que ses richesses s’étendent, plus il s’emplit et plus il est vide.

Mais il est peu nécessaire de prêcher contre ce vice ; nous semblons tous avoir du penchant à l’extrême opposé : le luxe et la dépense : et lorsqu’on nous en parle, nous nous contentons, pour toute solution, de dire qu’il est une conséquence naturelle du commerce et des richesses et leur commun but.

Vous vous méprenez, mes frères, les richesses ne sont pas la cause du luxe, c’est plutôt le calcul corrompu des hommes. Ils en ont fait la balance de l’honneur, de la vertu, et de tout ce qui est grand et bon ; ce préjugé en aiguillonne mille, ils affectent de posséder plus qu’ils n’ont, et s’engagent dans un train de dépenses qu’ils ne peuvent pas soutenir. La nécessité de paroître quelqu’un, pour le devenir, ruine et perd le monde.

Venons-en à la leçon que la parabole nous donne sur la véritable application des richesses ; vous avez vu par le traitement du