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Est-ce pour ton honneur et ta gloire, qu’un homme mange le pain de l’abondance, tandis que mille autres de son lignage rongent celui de la douleur ? que celui-ci soit couvert de pourpre et marche dans des sentiers couverts de roses, tandis que les autres à demi couverts de haillons se traînent péniblement, et passent à sa porte la tête baissée ? est-ce pour ta gloire que l’ombre ténébreuse de la misère est étendue sur tes ouvrages ? ou bien n’en devons-nous voir qu’une partie ? ah ! lorsque la chaîne qui tient les deux mondes en harmonie se détendra et se brisera ; quand l’aube de ce jour apparoîtra, auquel le dernier acte du monde en déployera la catastrophe ; quand tous les hommes seront cités pour répondre à tes questions : alors, alors, tu justifieras tes décrets, et tu fermeras la bouche à toute plainte.

Après un long jour de miséricorde, perdu dans la débauche et la dureté, l’homme riche mourut aussi, et selon la parabole, il fut enterré. Il fut enterré sans doute en triomphe, avec l’orgueil mal placé des funérailles, et les décorations vaines que la folie humaine prostitue dans ces occasions.

Ici se brisa la grandeur épicurienne du riche, c’est ici le dernier spectacle qu’il donna