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peu vous départir des vôtres ; que ce mot ne vous alarme point, ce n’est pas de vos maisons, de vos terres, de vos possessions, que je veux vous chasser. Je ne veux pas vous faire oublier vos femmes, vos enfans, vos sœurs et vos frères ; je ne prétends pas même vous enlever des plaisirs raisonnables, et vous priver des jouissances naturelles. Ne vous départez que de ce qu’il est dangereux pour vous de garder, vos vices. Ils conduisent à votre porte la mort et la misère ».

Il insisteroit et nous prouveroit par mille argumens que la tempérance, la chasteté, la paix, la justice, la charité et la bienveillance sont aussi utiles à l’homme qu’agréables au créateur, et que si nous en étions à capituler avec Dieu avant de nous soumettre à son empire, il nous convaincroit qu’il est impossible de se former aucun système d’intérêt plus sûr que celui d’une vie incorruptible et juste, et que la modération dans nos désirs, en honorant notre nature, est le rafinement le plus exquis du bonheur.

Quand nos alarmes sur notre intérêt auroient été ainsi calmées, le spectre s’adresseroit sans doute à nos autres passions. Il nous donneroit ensuite quelques idées des perfec-