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tains hommes, tandis que d’autres comblés de bénédictions réelles ne peuvent pas atteindre au pouvoir d’en jouir, et sentent un poids qui opprime et abat leurs âmes.

Hélas ! si les principes du contentement ne sont pas en nous-mêmes, ne les cherchons pas dans les dignités et les richesses ; ils n’y sont pas.

Eh bien ! avons-nous trouvé une règle pour juger du bonheur des hommes ? pouvons-nous dire sans risque de nous méprendre : celui-ci prospère dans le monde ; cet autre possède les richesses.

Quand un homme s’est élevé au-dessus de nos têtes, nous tenons pour certain qu’il jouit d’en-haut de quelque perspective glorieuse, et qu’il ressent des plaisirs assortis à son élévation ; si nous pouvions monter vers lui, nous trouverions que ce poste est une foible récompense des soins et de la peine qu’il a eu de gravir si haut. Il y est en proie peut-être à plus de dangers, à plus de troubles. Sa tête est environnée de vertiges, le sage lui souhaiteroit de pouvoir redescendre au niveau du sol commun aux hommes : on se tromperoit donc aussi si l’on calculoit le bonheur humain sur l’échelle des dignités et des honneurs ; le seul bonheur,