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le mal, et pourquoi un homme doit tomber dans le fossé qu’il a creusé pour un autre. C’est au temps et au hasard à tramer les événemens, et il ne manquoit à Jacob que d’avoir été un méchant homme, pour servir de texte et d’exemple à une pareille doctrine. C’est assez pour nous de savoir que le meilleur moyen d’éviter le mal, est de ne pas le commettre. Le monde quelquefois en ordonne autrement, dérobons aux hommes irréligieux le triomphe de leurs recherches.

Je ne puis finir ce discours sans revenir à sa première partie, aux plaintes de Jacob sur la courte durée et les malheurs de ses jours ; que je la rapproche de vous par quelques réflexions.

Il est étrange que cette vie nous paroisse si courte en général, et que dans ses détails elle soit si longue. Le malheur, me direz-vous, en est la cause. Exceptons-le et vous trouverez encore que quoique nous nous plaignons de sa brièveté plusieurs hommes sont si embarrassés de leurs jours, qu’ils vont continuellement errans dans les grands chemins et dans les cités, pour chercher des convives qui les en délivrent. S’en débarrasser avec adresse n’est pas un des moindres arts de la vie même ; ceux qui ne peuvent y réus-