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objet flatteur et agréable qui se présentoit à lui avec la face de la joie, il le regardoit comme une portion de ses bénédictions ; il le poursuivoit… il vouloit embrasser une ombre.

Il faut donc supposer que ces bénédictions ne ressembloient pas à celles qu’un esprit matériel devoit attendre ; mais qu’elles étoient spirituelles, et telles que l’esprit prophétique d’Isaac les voyoit devant lui ; c’étoient des idées qui comprenoient leur bonheur futur lorsqu’ils ne seroient plus des étrangers parcourant la terre ; car dans ce fait, et prenant strictement le sens littéral des promesses de son père, Jacob ne jouit d’aucun bonheur ; il fut si loin d’être heureux, que dans les plus douces époques de sa vie, il ne rencontra que des afflictions.

Accompagnons-le depuis l’instant fatal où l’ambition traîtresse de sa mère le chassa de son toit protecteur et de son pays, pour aller chercher un asyle et un établissement chez Laban son allié.

Qu’y trouva-t-il ? comment son attente fut-elle payée ? Nous le lisons dans les remontrances pathétiques qu’il fit à Laban, lorsqu’après l’avoir poursuivi sept jours, il le rencontra sur le mont Gilead. Je le vois à