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il néglige ceux qui l’attachent à ses semblables. Ceci est susceptible de la plus stricte démonstration.

Il n’est pas rare de voir un chrétien dont le caractère moral est bas et vil, avoir sur lui-même des idées fort élevées, les entretenir avec soin, et se regarder comme très-religieux. Il est avare, vindicatif, implacable ; il manque aux devoirs de la probité : écouter cependant comme il déclame hautement contre l’impiété du siècle, voyez combien il est jaloux d’observer quelque pratique pieuse ; il va se prosterner deux fois par jour au pied des autels, il fréquente les sacremens, il s’amuse enfin avec la partie instrumentale de la religion. Eh bien, trompant sa propre conscience, il croit avoir rempli tous ses devoirs. Il fait plus, dans la force de son aveuglement il regarde avec dédain et plein d’un orgueil spirituel, ceux qui affectant moins l’extérieur de la piété, ont mille fois plus de droiture que lui.

C’est un des maux que le soleil éclaire, et il n’y a point de principe erroné qui ait engendré plus de malheurs.

En voulez-vous des preuves, lisez l’histoire des méprises du christianisme. Quelles