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à murmurer des prières. C’en est assez pour le ciel… Quoi ! s’il se parjure ? Mais il fait une réservation mentale. S’il vole, s’il tue, sa conscience ne recevra-t-elle pas mille blessures profondes ? Pourquoi ? Il a porté aux pieds d’un prêtre qu’il trompe ce lourd fardeau, il s’en est relevé avec une absolution qu’il n’a pas méritée.

Superstition ! superstition ! qu’as-tu à me répondre ? Non contente d’ouvrir des voies funeste à l’homme qui s’égare, tu ouvres encore la porte de l’erreur devant les pas du voyageur imprudent ; tu lui parles confidemment de paix avec lui-même, quand il ne peut en avoir aucune.

Ces exemples choisis dans l’état actuel des choses sont trop vrais pour être étayés de preuves. Si quelqu’un doute de leur réalité ; s’il croit qu’il est impossible qu’un homme se trompe si long-temps, je le renvoie à ses réflexions, et dans un instant je viens plaider ma cause au tribunal de son cœur.

Qu’il examine le degré de haine auquel se sont élevé à ses yeux quelques mauvaises actions, quoiqu’elles soient toutes également mauvaises, il trouvera bientôt que celles que son penchant et ses habitudes lui ont fait commettre, sont peintes et enluminées des