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s’étend et couvre l’entendement humain.

Si cette raison est concluante à l’égard de ceux qui diffèrent de croyance avec nous, elle peut l’être encore pour ceux qui n’ont aucune croyance, ou plutôt qui affectent de ridiculiser la religion des autres. Grâce au bon sens et à une instruction plus saine, cette manie passe et descend se placer dans la classe inférieure des hommes, où elle restera ; quant à la plus basse classe, quoique le peuple soit toujours prêt à suivre la mode, il ne se laissera pas frapper par celle-ci, il ne rira jamais de ce qui fait sa consolation ; la pauvreté et la misère le défendront du désespoir d’un sort meilleur.

Pourquoi donc ce système sacré qui tient le monde dans l’harmonie et la paix, est-il le premier objet que l’homme inconsidéré choisisse pour en faire l’objet de sa raillerie ? Cependant dans le nombre de ceux qui raillent ainsi, croyez-vous qu’il y en ait un sur mille que la conviction, la logique, la raison, des recherches sobres dans l’antiquité, et le mérite véritable de la question, aient fournis de ces plaisanteries irréligieuses. Non, leur vie va vous expliquer leur manie.

La religion qui ordonne tant de privations est une fâcheuse compagne pour ceux qui