Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/476

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

maîtrisent l’homme entier, qu’il est douloureux de voir l’office auquel est réduite la raison, cette grande prérogative de la nature. Elle sert bassement celui qui devroit être son esclave, et s’occupe à ramasser des argumens captieux pour justifier ses vices.

Pour juger sainement de notre mérite, retirons-nous un peu loin du monde, et considérons ses plaisirs ; considérons aussi ses peines, sous toutes leurs vues et dans toutes leurs dimensions. C’est la raison sans doute pour laquelle Paul, quand il entreprit de convertir Félix, parla d’abord sur le jugement universel ; il vouloit détourner son cœur du monde et de ses plaisirs qui métamorphosent l’homme sage en sot.

Si vous élargissez vos opérations sur ce plan, vous trouverez que là, consistent les maux occasionnés par ces opinions perverses qui ont si long-temps divisé le monde chrétien, et qui le tourmenteront toujours.

Examinez quelques systèmes religieux, et vous verrez qu’on peut les définir des moyens fiscaux bien faits pour opérer sur l’esprit et les passions des hommes pendant que leur bourse est vidée ; ils servent parfaitement les vues de Félix dans son amour de l’argent et du pouvoir ; voilà d’où s’élève le nuage qui