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tons de pareilles expériences dans la conduite de la vie, ainsi que dans son but principal. Dire que ces déterminations vicieuses ne dérivent pas d’un défaut de jugement en nous, seroit vouloir en réfléchir le déshonneur sur Dieu, comme s’il nous avoit créés et envoyés dans le monde pour y faire des folies. Son cœur est aussi juste que ses jugemens sont vrais. Il faut donc supposer que dans toutes nos inconséquences, il est un motif secret, qui maîtrise notre esprit et le détourne de la raison et de la vérité.

Quel est-il ? si nous ne voulons pas prendre la peine de le chercher en nous, nous le trouverons enregistré dans la conduite de Félix, et la même explication que le texte en donne pourra nous servir quand nous voudrons parvenir à connoître le secret de nos jugemens injustes. Ce motif caché est en quelque considération de notre amour-propre, quelque contrat impur entre nous et nos passions.

Les jugemens des plus désintéressés parmi nous reçoivent quelque teinture de leurs affections ; nous les consultons généralement dans les points douteux, et tout va bien quand la matière en question est décidée avant que l’arbitre soit appelé ; mais quand les passions