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turelles, adieu tous les liens qui attachent l’individu à ses parens, ses amis, ses enfans ; comme toutes les obligations s’évanouissent ! voyez l’avare dénué de tout sentiment quelconque ; le cri perçant de la Justice, les lamentations profondes de l’humble misère sont des sons auxquels il n’accoutume pas ses oreilles. Grand Dieu ! vois, il passe à côté de celui que tu as frappé, sans se laisser aller à la moindre réflexion ! Il entre dans la cabane de cette veuve éperdue à qui tu as enlevé son époux et son enfant, sans soupirer ! Oh ! si je dois être tenté, mon Dieu ! que ce soit par l’ambition, la gloire, par quelque vice généreux et humain ; si je dois tomber que ce soit sous les efforts de quelque passion que tu aies tissue dans ma complexion naturelle, qui n’endurcisse pas et ne resserre pas mon cœur, mais qui y laisse assez de place pour que je t’y trouve quelquefois !

Il seroit facile d’ajouter ici les argumens communs que la raison offre contre ce vice ; mais ils sont tellement connus, qu’ils ne paroissent pas nécessaires.

Je pourrois citer ce qu’un philosophe ancien nous dit sur l’avarice ; mais le malheur est que pendant qu’il écrivoit contre les richesses, il jouissoit de la plus grande fortune,