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déployant les lois éternelles de la justice, les obligations immuables de la tempérance dont la chasteté est une branche, il étoit impossible, dis-je, que quand il auroit eu envie de temporiser, il eût retenu la fougue de ses paroles, et n’eût pas offensé l’intérêt et l’amour de Drusilla. On ne nous dit pas qu’elle trembla à ce récit comme Félix ; elle étoit sans doute agitée d’autres passions, et l’apôtre en ressentit les effets. Pouvoit-il résister à deux ennemis aussi violens que l’amour et l’avarice combinés contre lui.

Mais puisque le texte ne parle que de l’un de ces motifs, nous nous tairons avec lui sur l’autre.

Il est remarquable que le même apôtre parlant des mauvais effets de l’avarice dans son épître à Timothée, affirme qu’elle est cause de tous les maux, et je ne doute pas que le souvenir de ses souffrances n’ait beaucoup influé sur la sévérité de cette réflexion. On citeroit à l’infini des exemples pour prouver que l’amour de l’argent n’est qu’une passion subordonnée et ministérielle, et qu’elle n’est que le support de quelqu’autre vice. C’est lorsqu’elle nourrit l’ambition, la prodigalité, la luxure, que sa rage se déploye sans merci et sans discrétion ; dans tous ces