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pendent de la sienne ; peut-être à cet instant où il git oublié, dans l’infortune, toute une famille joyeuse attend-elle joyeusement son retour, et compte-t-elle avec une affectueuse impatience les heures de son retard ! oh ! s’ils savoient le malheur qui lui est arrivé, comme ils voleroient à son secours ! que je me hâte de suppléer à ces tendres devoirs, en pansant ses plaies, et le conduisant dans un lieu de sûreté. Si mon assistance vient trop tard, je le consolerai du moins dans sa dernière heure, et si je ne puis rien faire de plus, j’adoucirai ses infortunes, en laissant tomber une larme de pitié sur elles. »

Le bon Samaritain eut sans doute ces pensées, sa conduite généreuse nous le fait augurer, et Jésus-Christ nous le représente animé d’un zèle fraternel, et plein de la sollicitude tendre d’un père qui, non content de pourvoir aux besoins présens du voyageur, regarde plus loin encore, et avise à ce que rien ne lui manque quand il sera parti, et qu’il ne pourra plus le secourir.

Je n’ai pas besoin d’autres argumens pour vous prouver combien sont profondes les racines que la pitié a jetées dans le cœur de l’homme, que le plaisir que nous prenons à