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qu’elle ne fait aucune attention à ses opérations, elle n’a pas le temps d’examiner les principes qui la font agir. Quelque soudaine que nous soit représentée l’émotion du Samaritain, ne croyez pas cependant que ce fut un mouvement mécanique. Elle dérivoit d’un principe d’humanité et de bonté agissant en lui ; ce principe influa non-seulement sur cette première impulsion, mais il se perpétua avec elle dans tout le reste de sa conduite édifiante.

Comme il est si doux de regarder dans un bon cœur, et de tracer tout ce qui s’y passe en pareille rencontre, je vous demande la permission de m’arrêter un instant pour considérer comment le principe agit dans celui du bon Samaritain.

Il s’approcha de la place où le voyageur malheureux étoit étendu, et à l’instant qu’il l’aperçut sans doute il fut saisi par ces réflexions.

« Grand Dieu ! quel spectacle affreux est devant moi ! un homme dépouillé de ses vêtemens… blessé… couché languissant sur la terre… prêt à expirer, sans avoir un ami pour le secourir dans son agonie, ne pouvant pas espérer qu’une main favorable ferme ses yeux quand il ne sera