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de la chair, n’est pas si pénible que celle de s’abstenir de ses œuvres dans tous les temps ; ce point coûte sans doute davantage à ces riches épicuriens qui convoquent tous les arts autour de leur table, et qui se livrent tellement à leurs appétits mortifiés, que leurs festins de jeûne les punissent plus par les excès que par les privations.

On pourroit pousser plus loin la comparaison, mais ce que nous avons dit suffit pour montrer combien les méprises sont illusoires et dangereuses ; combien elles sont propres à égarer et à renverser des esprits foibles, toujours prompts à se laisser surprendre à la pompe facile des cérémonies. Cela est si évident que dans notre église même, dont la sobriété en cette partie est connue, et qui n’en a conservé que ce qui sert à exciter et à entretenir nos adorations, on remarque un tel penchant vers la religion sensuelle, et une foiblesse si grande pour les cérémonies dans le commun du peuple surtout, que chaque jour mille prennent l’ombre pour la substance, et changeroient volontiers la réalité pour l’apparence.

Tels étoient les abus de l’église juive, faute de savoir distinguer les moyens de la religion même ; la partie physique et cé-