Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/447

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’éteint ainsi dans les ténèbres de quelques cérémonies fastueuses, la célébration du sacrifice qui devoit apporter les plus grands avantages, ressemble plus, avec ses décorations scéniques, à une représentation théâtrale, qu’à un sacrifice humble et solennel offert par la poussière et la cendre devant le trône du Tout-Puissant. Il est bien plus facile dans le système mécanique d’avoir des prétentions à la sainteté, que lorsque le caractère de la piété doit se reconnoître au combat perpétuel de l’homme contre ses passions. Il est plus aisé à un espagnol superstitieux de signer son front et de murmurer ses prières qu’à un protestant humble de subjuguer les élans de la colère, de l’intempérance, de la vengeance, et de paroître devant son créateur avec les dispositions qui lui conviennent. L’opération de se laver d’eau bénite n’est pas si difficile que celle de tenir son ame pure et chaste, nette d’aucune action, d’aucune pensée impure. Il est plus court de s’agenouiller et de recevoir l’absolution de ses fautes que de la mériter, non pas des mains des hommes, mais de celle de Dieu qui voit notre cœur, et qu’on ne peut tromper. L’action de garder le seul temps du carême, et de s’abstenir certains jours de la semaine