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Ah ! s’il n’avoit que cela à offrir au Seigneur, c’étoit une foible base à tant d’orgueil et d’amour-propre. L’observation d’une loi matérielle compâtit assez avec le dérèglement des mœurs.

La conduite du publicain paroît bien différente ; c’est le contraste le plus opposé qu’on puisse imaginer. Avant d’en parler il est juste de donner une idée de son caractère, comme j’ai fait de celui du pharisien. Le publicain étoit de ces gens que les empereurs romains employoient à lever les taxes et les contributions qu’on exigeoit de temps à autres de la Judée, comme nation conquise. Le nom de publicain étoit un terme de reproche et d’infamie parmi les Juifs, soit que cela vînt de la haine qu’ils avoient pour cet emploi, et de la répugnance qu’on a de partager ce qui nous appartient, soit que d’autres causes concourussent à produire cette aversion, ils étoient en général odieux et réprouvés.

La dureté que leur profession exige mêlée à quelques teintes d’insolence naturelle, peut-être même les préjugés et les clameurs du peuple prévenu contre eux, tout cela, dis-je, avoit contribué à former et à fixer cette haine. Il n’est pas douteux cependant qu’ainsi