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qui le sanctifioient furent en vain de plus forts argumens en sa faveur, que son humiliation n’en fut contre lui, l’injure resta la même. Les Juifs attendoient et désiroient la rédemption d’Israël ; mais ils ne la voyoient que dans les songes de puissance qui remplissoient leur imagination orgueilleuse. Ô vous ! qui pesez le mérite au trébuchet de l’or, la religion de Jésus-Christ a-t-elle été instituée pour vous ? elle n’est pas cependant revêtue d’une apparence splendide et magnifique, la pauvreté est sa marque distinctive, ses principes et ses promesses ressemblent plus aux malédictions qu’aux bénédictions de la loi, ils ne parlent que de souffrances, elles n’annoncent que des persécutions.

Il est bien difficile aux tribulations et aux infortunes, à la faim et à la soif de faire des prosélites en corrompant les esclaves de la vanité ; il leur est bien mal-aisé de réconcilier les hommes avec le mépris et l’infamie ; et cependant c’est le partage de ceux qui croyent ce mystère, qui doit être bien décrédité dans le monde, tant il répugne aux passions et aux plaisirs.

Concluons. La justice ne prit congé de la terre qu’au jour où la pauvreté devint un ridicule ; mais nous devons nous en consoler,