Page:Sterne - Œuvres complètes, t5-6, 1803, Bastien.djvu/435

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans la pauvreté, a besoin de crier par tout ; ayez pitié de moi, mes amis, car la main de Dieu m’a touché. On croiroit que l’humanité, l’hospitalité doivent attendrir les cœurs les plus durs, et désarmer les esprits les plus vains, lier les mains de la violence, et arrêter la langue du babil, et l’on voit ici l’expérience contraire, dans celui qui avoit mis toutes ses jouissances à faire le bien, et dont la vie est une série continuelle de bontés et d’outrages. Revenons-en donc pour résoudre ce problème à notre première explication, le scandale de la pauvreté.

Cet homme ! nous ne savons d’où il est. Tel est le premier cri du peuple, et quant à ceux qui le connoissent mieux ; leur réflexion est encore plus outrageante. N’est-ce pas là le charpentier, le fils de Marie ? de Marie ? grand Dieu d’Israël ! oui de la plus vile de ton peuple, car il ne dédaigne pas l’humilité de sa servante, et de la plus pauvre encore ; car elle n’eut pas un agneau pour sa purification, et n’offrit qu’une couple de tourterelles.

Que le sauveur de la nation fut pauvre, et n’eut pas une place à reposer sa tête, voilà un crime qu’on ne lui pardonnera jamais ; la pureté de sa doctrine et ses œuvres