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lâche qui rend la première démarche d’Abisaï contradictoire avec la seconde. Je ne m’efforcerai pas de les concilier ; ce discours est destiné à Semeï ; puisse le tableau que je vais faire de son caractère être utile à la société !

Sur la nouvelle de la conspiration de son fils Absalon, David s’étoit échappé de son palais ; il avoit fui Jérusalem pour se mettre en sûreté. La description de sa fuite est véritablement pathétique, jamais la douleur ne fut aussi touchante.

Le roi abandonna son palais pour se cacher au glaive du fils qu’il aimoit : il fuit avec toutes les marques de l’humilité et du malheur, la tête couverte et les pieds nuds, et quand il fut au bas du mont Olivet, il pleura. Quelques scènes agréables qui s’étoient peut-être passées dans ce lieu, quelques heures de plaisir qu’il y avoit partagées avec Absalon dans des temps plus heureux, émurent la tendresse de la nature ; il pleura sur la triste vicissitude des choses, et toutes les personnes qui l’avoient suivi, touchées de son affliction, se couvrirent aussi la tête, et pleurèrent.

Daid étoit venu à Bahurim, quand Semeï, fils de Géra, parut. Étoit-ce pour verser sur les plaies du roi l’huile qu’il avoit recueillie