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gitifs, nous en revenons toujours à la description que nous a donnée Job ; et nous y découvrons quelques caractères lisibles de ces mots dont Dieu nous menaça jadis : Tu mangeras ton pain dans la douleur jusques à ce que tu retournes à la terre dont je t’ai tiré.

Quelqu’un me dira peut-être, pourquoi me faites-vous haïr la vie ? pourquoi exposez-vous ce tableau funeste ; me parlez-vous de ces infirmités naturelles, qu’il n’est pas en notre pouvoir de corriger ?

À cela je réponds que le sujet est de la plus grande importance, et qu’il faut que chaque homme ait une idée de sa nature, pour que son esprit fasse des projets convenables à sa condition. Cette revue impartiale, ce miroir que je tiens élevé pour lui montrer ses infirmités, tend à guérir son orgueil et à le revêtir de l’humilité, seul vêtement qui convienne à un être aussi foible et aussi misérable. La considération sur la brièveté de sa vie doit le convaincre qu’il est sage de consacrer cette petite portion au grand projet de l’éternité.

Enfin, quand on réfléchit que cette mesure si courte est encore remplie de tant de troubles, que rien n’y est produit et n’y existe sans