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nos corps, que doit-il être quand il pèse également sur nos corps et sur nos âmes.

Jetez un coup-d’œil sur l’histoire des religions, sur leurs tyrans ? que dis-je, leurs bourreaux qui se soûlent du plaisir de voir les tourmens et les convulsions de leurs frères. Voilà l’inquisition : écoutez les sons mélancoliques dont retentit chaque cachot ; considérez la cruauté de ces juges, et les tortures recherchées qu’ils vont infliger sans merci à l’infortuné. Son ame dans ces angoisses douloureuses veut s’échapper de son corps disloqué ; on ne veut pas. Il faut qu’il soit arraché de ce chevalet sanglant pour aller perdre la vie au milieu des flammes que lui prépare la superstition.

Si les détails des causes publiques des misères de l’homme ne suffisent pas, considérons-le luttant contre des infortunes particulières. Il est encore plein de troubles, il est né pour le malheur.

Si nous le regardons exposé à tous les besoins réels ou imaginaires auxquels il ne peut subvenir ; quelle suite de vexations, de dépendances dérivent de cette nécessité, et le rendent infortuné ? combien d’obstacles se hérissent devant lui quand il veut faire son chemin dans la société ? combien de fois