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violence, elle est flétrie en peu de jours, et se penche morte sur sa tige.

Ainsi, l’homme éprouve dans son accroissement et son déclin la même période, quoique l’un soit plus haut, et que sa durée soit plus longue.

S’il échappe aux dangers qui menacent sa tendre enfance, il atteint la maturité de la vie, et s’il est assez heureux pour ne pas succomber sous quelqu’accident occasionné par sa folie et son intempérance, il décline insensiblement ; enfin un terme arrive au-delà duquel il ne peut plus vivre. Ainsi que la fleur ou le fruit qui n’ayant pas été coupés avant leur maturité n’outrepassent pas la période auquel ils se fanent et tombent ; ainsi quand le temps est arrivé, la main de la nature moissonne l’homme sur la terre qui le porte. L’art du botaniste ou celui de la médecine ne les préservent ni l’un ni l’autre de cette nécessité cruelle. Dieu a donné ces lois immuables aux végétaux, il les a données aux hommes, ainsi qu’à toutes les créatures vivantes, après avoir inséré dans leurs élémens la puissance de l’accroissement, de la durée et de l’extinction. Quand les évolutions sont finies, la créature expire et périt, tandis que le fruit mûr tombe de l’arbre,