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C’est un être de peu de jours. La comparaison que Job en fait avec une fleur, est extrêmement belle, et mieux faite pour ce sujet que la preuve la plus travaillée, il ne l’auroit pas comportée. La brièveté de la vie est un point si généralement débattu dans tous les siècles depuis le déluge ; il est si universellement senti et reconnu par tous les êtres, qu’il ne demande aucun argument qu’une comparaison juste. Elle ne sert pas à prouver le fait ; mais elle le place sous un jour qui nous frappe, et fait sur notre esprit une impression profonde.

L’homme, dit Job, pousse comme une fleur, et est moissonné comme elle ; il est envoyé dans le monde comme la plus noble et la plus belle portion de l’ouvrage de la divinité ; son image est faite d’après celle du créateur ; il est glorieux comme la fleur des champs ; il surpasse en beauté la race végétale, ainsi qu’il surpasse en raison la race des animaux.

La fleur arrive au temps de sa perfection, si quelqu’accident ne la détruit dans son bourgeon ; il lui est permis de triompher quelques instans, et elle est coupée sur sa racine au milieu de l’orgueil et de la pompe de sa végétation ; si elle échappe à la main de la