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n’y a-t-il pas une gradation dans toutes les fautes ? quand elle eut perpétré son crime, eh bien ! elle oublia le compagnon de son offense, et vola dans les bras de son père. N’y a-t-il aucune différence entre un coupable qui sort précipitamment de la route de la vertu, et s’enfuit dans la conscience de sa dépravation, et le voyageur imprudent qui s’égare par mégarde, et rétrograde sur ses pas dès qu’il apperçoit son erreur ? Oh ! que le sentiment de la douleur d’avoir commis une offense est doux dans un cœur qui ne veut plus la commettre ! C’est sur cet autel seul que je t’offrirai mon injure. La punition qu’un esprit ingénieux frappé du remords de sa faute, exerce sur lui-même est bien cruelle ; si elle ne l’expie pas tout-à-fait ; Dieu juste doue moi du don de l’oubli. La merci sied si bien au cœur des hommes ; mais encore plus à celui de ton ministre, d’un lévite, qui chaque jour t’offre tant de sacrifices pour les transgressions de ton peuple. Ah ! j’ai bien peu profité autour de tes autels, si je n’ai pas appris à pratiquer le pardon que je poursuis sans cesse pour les autres à ton tribunal. Que la paix et le bonheur reposent sur la tête de l’homme qui parle ainsi.