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à toutes les autres, elle dépend beaucoup de la manière dont on la raconte, et comme l’écriture ne nous a laissé sur elle aucun commentaire, le cœur peut en commander un à l’imagination ; mais la décence ne s’éloignera pas du texte.

« Et dans le temps qu’il n’y avoit point de roi dans Israël, un lévite qui demeuroit d’un côté du mont Enphraïm, prit avec lui une concubine. »

Ô Abraham ! ô toi le père des croyans ! si cette conduite étoit blâmable, pourquoi en donnas-tu un exemple si séduisant aux yeux de ta postérité ? pourquoi le Dieu d’Isaac et de Jacob bénit-il si souvent la génération d’une pareille licence, promit-il de la multiplier, comme les sables de la mer, et de faire naître d’elle les princes de la terre ? Dieu seul peut dispenser de la loi qu’il a faite, et nous trouvons dans les livres saints que les patriarches, dont le cœur aspiroit le plus vers le ciel, usèrent sans doute par sa permission de cette dispense. Abraham prit Agar, Jacob outre ses deux femmes Rachel et Léa, s’accommoda de Zilpha et Bilha, dont quelques tribus descendirent. David eut dix-sept femmes et dix concubines, Jéroboam en eut soixante et ce qui paroît moins