âge sans expérience. Peut-être mon amour exagère-t-il les dangers ;… mais quand je considère que tu vas être porté nud au milieu d’eux, sans amis, sans fortune, sans instruction, mon cœur saigne d’avance des maux qui vont se précipiter sur toi. Dieu, en qui je mets ma confiance, est témoin, que dans l’état humble où il nous a placés, nous n’avons jamais souhaité de te rendre riche, mais seulement vertueux. Ton père, mon mari, étoit un homme de bien, il craignoit le Seigneur, et quoique tous les fruits de ses soins et de son industrie fussent à peine suffisans pour nourrir sa famille, cependant il vouloit en réserver une partie pour te placer dans la voie de l’instruction. Mais hélas ! il est mort, et avec lui tous les moyens sont perdus. Vois, le créancier est à notre porte, pour emporter tout ce que nous avons. »
L’éloquence de la douleur est difficilement imitable ; mais que l’ami de l’humanité et de ses afflictions se représente une veuve se plaignant ainsi, et qu’il considère s’il est une douleur pareille à la sienne, ou s’il est une charité comme celle de prendre son enfant de dessus le sein de la mère, et de la munir contre ses appréhensions ?