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la religion, à celle des lois et de l’industrie de leur pays. S’ils attachoient cette importance à l’éducation des enfans de tous les états ; que dirons-nous de ceux que la providence a destinés aux derniers rangs de la société ? sans parens, sans amis qui les dirigent, ils sont jetés hors de la voie de l’instruction, offerts seulement à la pitié publique. Les dangers qui les environnent sont si nombreux et si grands, que pour un voyageur qui navigue sans périls et heureusement sur cette mer immense, mille malheureux y naufragent et sont perdus à jamais.

Si jamais la charité put exercer des actes de bienfaisance, ah ! voici le cas où les cris des hommes l’appellent davantage. Je n’ai besoin pour convaincre les ennemis de ces établissemens de piété, que de mettre sous leurs yeux le spectacle de la misère de l’enfance.

Allons vers la demeure de l’infortuné, entrons dans cette cabane de deuil où la pauvreté et l’affliction régnent ensemble. Voyons cette veuve inconsolable, assise, trempée de larmes ; elle les verse sur son enfant qu’elle ne peut secourir. « Ô mon fils ! te voilà laissé dans un monde vicieux, rempli de pièges et de tentations pour ton